De multiples études montrent que le mouvement de digitalisation des fonctions comptables et financières des entreprises est massif, pour tous les métiers, tous les secteurs (public et privé), y compris dans les PME : 78 % de leurs dirigeants considèrent que le numérique représente un bénéfice réel pour leur entreprise, contre 68 % en 2020[1].
Parallèlement à cet effet quantitatif, par le nombre d’entreprises qui investissent, on observe aussi un effet qualitatif, avec une amélioration du niveau de maturité des entreprises. Selon Gartner, la proportion d’organisations considérées comme relativement matures est d’une sur deux, contre seulement moins d’une sur cinq en 2017[2]. D’après l’index de la transformation digitale[3], publié par le cabinet Vanson Bourne pour Dell, la proportion d’entreprises considérées comme très en retard était de 2 % (en 2020), contre 25 % en 2018.
Des investissements massifs
C’est en partie dû à la pression des directions générales : pour Gartner, 83 % de ces dernières plaçaient, en 2021, le digital en tête de leurs investissements, loin devant la R&D et les ventes (60 %) ou le marketing (46 %). Et la proportion de dirigeants qui mentionnent le terme « digital » dans leurs priorités est passée de moins de 5 % en 2013 à presque 25 % en 2022[4]. Résultat : les deux-tiers des entreprises, au niveau mondial, ont accéléré leurs initiatives digitales en 2020 et 2021. Et huit sur dix vont continuer en 2022.
On parle même de quatrième révolution industrielle[5] ! Les trois premières ont été déclenchées par l’émergence de la machine à vapeur, de l’électricité et de l’informatique. La révolution numérique actuelle possède trois caractéristiques : la rapidité (chaque technologie nouvelle en engendre d’autres, encore plus puissantes), l’ampleur (tous les secteurs, tous les métiers et tous les processus sont concernés, en profondeur) et elle a un aspect systémique, avec l’importance croissante des écosystèmes pour créer de la valeur.
Pour les entreprises, cette révolution a plusieurs conséquences : les attentes des clients s’adaptent en fonction de l’expérience ; les produits intègrent de plus en plus de données; de nouvelles formes de collaboration entre entreprises se développent, dans un contexte d’innovation collaborative, et les modèles de fonctionnement des entreprises évoluent vers davantage d’agilité et de modèles économiques basés sur des plateformes.
Une explosion des volumes de données
La transformation est évidemment tirée, et facilitée, par la profusion de données disponibles, sous une diversité de formats (structurées, non-structurées, textes, images, sons…) et de supports. D’après IDC, le volume global de données créées et stockées atteindra 179,6 zettabytes en 2025, contre 64,2 en 2020, soit une croissance annuelle moyenne de 23 %. Les données stockées dans le cloud pèseront 43 zettabytes en 2025 (soit 24 % du total), contre 9 zettabytes en 2020 (14 % du total). Rappelons qu’un seul zettabyte pourrait stocker le contenu de 180 millions de bibliothèques contenant chacune 25 millions d’ouvrages !
Ainsi, le volume global des informations stockées au cours des cinq prochaines années va devenir plus important que ceux existant depuis l’invention du stockage numérique, assure IDC. Certes, seulement 2 % de ces données ont survécu en 2021, le reste était éphémère, c’est-à-dire créé pour une action particulière ou écrasé par de nouvelles données. Mais la barre des 100 zettaoctets de données (soit l’équivalent de 22 milliards de films en qualité 4K) sera franchie en 2023 [6].
La data, fondation de la transformation digitale
Les analystes avancent trois raisons pour expliquer le maintien de taux de croissance élevés des volumes de données : d’abord, le fait qu’elles sont cruciales pour les entreprises qui doivent garantir leur résilience et capitaliser sur les données pour améliorer leurs predictions et s’adapter aux évolutions de leur environnement. Y compris les anciennes données… Ensuite, les organisations s’appuient sur les données pour leur transformation digitale, découvrir de nouvelles opportunités et développer de nouvelles offres, par exemple avec les objets connectés ou l’usage intensif de solutions analytiques. Enfin, les données servent à maintenir les liens avec les clients, les salariés, les partenaires et toutes les parties prenantes des écosystèmes.
L’explosion des volumes de données est due en grande partie à l'utilisation croissante de technologies analytiques, à la prolifération des appareils IoT et aux initiatives de migration vers le cloud[7]. Les entreprises estiment dans leur grande majorité (près de sept sur dix), que ce mode d’organisation du système d’information est important pour réussir la transformation digitale. Parce qu’il est un facilitateur du digital, car il fait gagner en temps, flexibilité, scalabilité et réactivité. Pour Gartner, le cloud pèse 14 %, en moyenne, des budgets IT (contre 10 % en 2019 et 8 % en 2018) et le marché mondial progressera de 15 % par an à l’horizon 2024.
Tous ces flux de données ont quatre caractéristiques : ils augmentent de façon exponentielle, ils sont de plus en plus dépendants les uns des autres, ils circulent selon des modes multi-canal et multi-formats, le poids des informations non structurées devient dominant.
De nouveaux usages, de nouveaux modèles d’affaires
En provoquant des changements rapides dans les pratiques et usages des consommateurs, les technologies introduisent des ruptures dans le modèle économique des entreprises « traditionnelles ». Comment réagir face aux pressions concurrentielles sans précédent et à de nouveaux enjeux de digitalisation financière ? Lorsqu’ils sont interrogés[8], les dirigeants d’entreprise français considèrent la transformation digitale comme un processus d’intégration de nouvelles technologies digitales dans les différents métiers, l’utilisation d’outils d’automatisation (IoT, RPA, Big Data...) (52 %) et une communication simplifiée entre les métiers (42 %).
Cette modernisation technologique se traduit en bénéfices concrets (la création de valeur), notamment dans les domaines de l’expérience client, de l’optimisation des processus et de la compétitivité de l’entreprise. Pour les analystes de Gartner, trois éléments doivent être pris en compte pour évaluer la l'impact du digital : l’impact sur le chiffre d’affaires, sur les risques et sur les coûts[9].
Une remise en cause des organisations
Pour simplifier, la transformation digitale adresse quatre principaux chantiers, qui permettent la création de valeur : la stratégie, les clients, les métiers et le système d’information.
La première étape consiste à définir les objectifs de l’entreprise en matière de transformation numérique. Cela nécessite d’identifier les leviers de transformation, qui peuvent être internes ou externes à l’organisation, puis d’en déduire les objectifs à atteindre, à partir d’une cartographie des activités métier. Cela aboutit à une transformation des métiers, on le voit notamment dans les fonctions Finance.
À l’ère du digital, le numérique et l’expérience client sont étroitement liés ; les consommateurs disposent à présent de nombreux modes d’achat et d’innombrables possibilités pour trouver les meilleurs produits en ligne. L’adaptation passe par une cartographie des parcours client d’identifier les moments critiques où les clients risquent de partir, afin de mieux comprendre les raisons d’une possible rupture dans le cycle d’achat.
Selon Gartner, les entreprises qui auront intégré les besoins de leurs clients, par rapport aux entreprises qui sont en retard dans ce domaine, bénéficieront d’une superformance de 20 % à l’horizon 2024. Les métiers sont, eux aussi, transformés, sous l’effet de l’automatisation et des usages de l’intelligence artificielle. Notamment les modes de travail des collaborateurs, la manière de gérer le capital humain, avec l’importance des soft skills et de la culture numérique. Une étude publiée par Dell et l’Institut pour le Futur assure que 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore[10].
Côté système d’information, toutes les solutions sont disponibles et performantes, à commencer par les solutions logicielles qui permettent de dématérialiser et d’automatiser la plupart des processus, en lien avec une valorisation des données. Pour moderniser leurs systèmes d’information, les dirigeants d’entreprises françaises privilégient la mise en place d’outils collaboratifs, d’outils de Business Intelligence et d’analyse prédictive, de CRM, de dématérialisation, de sites de e-commerce, sans oublier le cloud et le déploiement de solutions de type ERP[11]. Avec une forte composante cloud.
Des investissements durables
La plupart des entreprises vont donc accélérer leurs investissements dans leur transformation digitale. Les chiffres de l’organisation professionnelle Numeum[12] montre que les dépenses des entreprises françaises en transformation digitale ont bondi de 10,8 % en 2021, soit 6,9 milliards d’euros, portées par l’expérience client, le e-commerce, la dématérialisation… De même pour le Big Data (+23,4% de croissance en 2021, soit 1,9 milliard d’euros), grâce à la collecte et l’usage de la donnée pour faire évoluer les business models et développer de nouveaux services.
Accroître la performance opérationnelle
Plus qu’une simple mutation technologique, la transformation digitale est une question de performance opérationnelle : selon l’Observatoire International 2022 du Manager de la Performance, publié par la DFCG (association des directeurs financiers et de contrôle de gestion) et le cabinet de conseil Décision Conseil[13], la première priorité, en matière de management de la performance est, pour 92 % des entreprises, à la mise en place de solutions digitales, avec l’évolution des compétences et des processus.
Pour Gartner, les entreprises pourront obtenir à l’horizon 2025, 10 % de gains sur les coûts opérationnels en combinant automatisation et optimisation des processus. Aucun chef d’entreprise ne peut plus sérieusement rester insensible aux perspectives que la transformation digitale peut apporter à la performance, à la création de valeur et à l’efficacité opérationnelle…
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[1] Baromètre France Num 2021 : le numérique dans les TPE PME.
[2] 2021 CIO agenda : rebuilding the future, Gartner Symposium 2020.
[3] Digital transformation index 2020, VAnson Bourne Research, Dell.
[4] CEO concerns 2020 : implications and actions for CIOs, Gartner Symposium 2020.
[5] La quatrième révolution industrielle, par Klaus Schwab, Dunod, 2017.
[6] IDC DataSphere Forecast, janv. 2019. « Gouvernance des données, pourquoi c’est essentiel », infographie Hitachi.
[7] Rethink data, Exploitez davantage vos données d'entreprise, de la périphérie jusqu'au cloud, IDC, Seagate Technology, 2020.
[8] La transformation digitale : une priorité pour les ETI, OpinionWay, TVH Consulting, novembre 2021.
[9] KPIs for digital funding : how to measure the success of your digital investments, Gartner Symposium 2021.
[10] Emerging technologies’ impact on society & work in 2030, Dell, Institute for the Future, 2017.
[11] La transformation digitale : une priorité pour les ETI, OpinionWay, TVH Consulting, novembre 2021.
[12] Bilan 2021 et perspectives 2022 du secteur numérique, Numeum, décembre 2021.
[13] Observatoire International du Manager de la Performance, résultats 2022, DFCG, DPC, Les Cahiers techniques, n°36, DFCG.