Entre 2024 et 2026, toutes les entreprises devront passer à la facture électronique via des plateformes privées et /ou publiques. Comment se traduira cette obligation et à quoi les entreprises doivent-elles s’attendre ? Nous revenons ici sur les points essentiels à retenir.
2026 : échéance clé pour toutes les entreprises
Concrètement, la nouvelle obligation de facturation électronique (ou e-invoicing ») se déploiera selon deux calendriers : d’une part, dès 2024, une obligation de réception des factures électroniques pour l’ensemble des entreprises. D’autre part, une obligation d’émission des factures en format électronique, pour le B2B (BusinessToBusiness, flux entre entreprises) domestique, et à l’image de celle mise en place pour les opérations en B2G (BusinessToGovernment, flux entre entreprises et établissements publics / administration) (avec Chorus Pro), et de manière progressive en fonction de la taille des entreprises (2024 pour les grandes entreprises, 2025 pour les ETI, 2026 pour les PME et TPE - ou MIC désormais -).[1]
Un objectif de simplification et de réduction des coûts
Cette évolution répond à quatre objectifs principaux, dont deux concernent plutôt les pouvoirs publics, en l’occurrence l’administration fiscale (renforcer la prévention et la lutte contre la fraude à la TVA, améliorer la connaissance de la conjoncture par des remontées d'informations au fil de l'eau concernant l'activité des entreprises) et deux concernent plus particulièrement les entreprises (réduire les coûts de traitement des factures et faciliter les déclarations avec, à terme, leur pré-remplissage).
Ce dernier aspect constitue l’un des avantages essentiels de la réforme : même s’il est difficile de connaître de façon précise les coûts de traitement des factures, un rapport de la DGFiP estime que le coût d’une facture sortante représente entre 5 € et 10 € et le coût de traitement d’une facture entrante entre 14 € et 20 €. Alors que le coût de traitement d’une facture électronique est, pour sa part, évalué à 0,40-0,45 €. La dématérialisation des factures pourrait donc représenter une économie de l’ordre de de 90% par rapport à un traitement papier et réduire le temps de traitement de 30 %.
Pour être efficace, un tel dispositif doit respecter plusieurs conditions : la télétransmission de la facture, généralisée à terme à toutes les entreprises quel que soit le chiffre d’affaires réalisé, l’adoption d’un format structuré de transmission pour permettre l’exploitation automatique des données, la transmission des données à l’administration sur une base mensuelle ou en temps réel, ainsi que la mise en place de contrôles. Ces conditions sont la base des futurs dispositifs de facturation électronique.
Visionnez notre webinar replay avec Cyrille Sautereau, le Président du FNFE, Forum National de la Facture Electronique, pour connaître :
- les évolutions déclenchées par l’ordonnance 2021 – 1190 du 15 septembre 2021
- le modèle retenu pour la France
- les futurs formats de factures acceptés comme la factur-X
- les obligations pour les Plateformes de Dématérialisation Partenaires et le planning prévisionnel.
E-invoicing ou e-reporting ? Les deux...
Pour mettre en œuvre une telle réforme, il existe deux modèles en fonction de la nature de la transaction.
D’une part, l’e-invoicing, basé sur la transmission des factures de vente entre le fournisseur et son client en format électronique par le biais d’une (ou plusieurs) plateformes, étatiques ou privées, certifiées ou non par l’État. Les transactions visées sont les transactions domestiques réalisées entre entreprises (B2B). Ainsi, avec cette approche, tout échange de factures s’effectue en associant l’administration fiscale, qui obtient les informations en temps réel sur les transactions, et les opérateurs.
D’autre part, l’e-reporting, avec la transmission par l’entreprise à l’administration fiscale du contenu des factures des ventes et d’achat voire d’autres éléments comptables. Entreront dans le périmètre de l’obligation de « e-reporting » les flux de transactions BtoC gérés via les logiciels de caisse ticket Z, les flux de transactions BtoB internationales, les flux de transactions BtoC avec émission de facture.
Ce modèle n’implique pas nécessairement une transmission dématérialisée des factures entre entreprises.
L’administration fiscale privilégie une solution qui combine à la fois l’e-invoicing et l’e-reporting, autrement dit la facturation électronique complétée par une transmission de données. afin de pouvoir couvrir un ensemble de flux plus larges et obtenir les données complémentaires indispensables à la détection de fraudes (défaillances déclaratives, minorations de chiffres d’affaires…).
Le rôle central des plateformes privées et publiques
Concrètement, les factures émises par une entreprise à destination de ses clients seront transmises à une plateforme (privée ou publique), qui se chargera de les envoyer à l’entreprise destinataire. Dans ce schéma, la plateforme privée certifiée extraira, pour chaque facture reçue de l’entreprise émettrice, des données destinées à l’administration fiscale.
Les plateformes privées certifiées transmettront ces informations à la plateforme publique, qui centralisera ces informations et les transmettra alors au système d’information de la DGFiP. Les factures continueront à inclure à la fois les informations obligatoires commercialement et fiscalement (celles relatives au fournisseur du bien ou de la prestation de service, au client, à la facture…) et des informations nécessaires aux activités exercées (référence aux bons de livraison, à un contrat, etc.). L’ensemble de ces informations feront l’objet de contrôles obligatoires par l’administration fiscale.